Introduction
Nous vous proposons de rentrer dans l’univers Alsacemilitaria sous une forme romancée et ponctuée de références historiques.
Le soldat à l’origine de ce texte n’a jamais existé, mais son périple est bien réel, puisqu’on estime à 134000, le nombre d’alsaciens et de mosellans incorporés dans l’armée allemande (1942 à 1945) 30% ont été tués ou portés disparus.
En se basant sur le premier recensement français de 1946, c’est ≈ 8% de la population alsacienne qui a alimenté de force la machine de guerre allemande sur le front…(en omettant les travailleurs forcés, déportés et autres auxiliaires paramilitaires).
Néanmoins la part de volontaires est estimée à 2428 alsaciens; le chiffre reste négligeable (≈ 2% des effectifs)
Le soldat à l’origine de ce texte n’a jamais existé, mais son périple est bien réel, puisqu’on estime à 134000, le nombre d’alsaciens et de mosellans incorporés dans l’armée allemande (1942 à 1945) 30% ont été tués ou portés disparus.
En se basant sur le premier recensement français de 1946, c’est ≈ 8% de la population alsacienne qui a alimenté de force la machine de guerre allemande sur le front…(en omettant les travailleurs forcés, déportés et autres auxiliaires paramilitaires).
Néanmoins la part de volontaires est estimée à 2428 alsaciens; le chiffre reste négligeable (≈ 2% des effectifs)
L’incorporation de force, un crime de Guerre ?
C’est en premier lieu une violation de l’article 45 de la convention de La Haye (1907), qui prévoit qu’on ne peut pas imposer de prêter serment à une puissance occupante.
La qualification de crime de guerre selon les principes de Nuremberg (1945) vis-à-vis des alsaciens et mosellans n’est pas possible, car la qualification de crime pour une incorporation de force n’a été définie qu’en 1949 par la convention de Genève, et n’est pas rétroactive.
Les « Malgré-nous » ont néanmoins bénéficié d’une réparation civile (non pénale) au prétexte de l’entente franco-allemande, puisqu’ils bénéficient des mêmes droits que les soldats ayant servi dans l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale.
La qualification de crime de guerre selon les principes de Nuremberg (1945) vis-à-vis des alsaciens et mosellans n’est pas possible, car la qualification de crime pour une incorporation de force n’a été définie qu’en 1949 par la convention de Genève, et n’est pas rétroactive.
Les « Malgré-nous » ont néanmoins bénéficié d’une réparation civile (non pénale) au prétexte de l’entente franco-allemande, puisqu’ils bénéficient des mêmes droits que les soldats ayant servi dans l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale.
De l’Alsace à l’Alsace
Nous sommes en 1945, la guerre est finie depuis quelques mois déjà…..
Un homme de 33 ans vient de rentrer chez lui après un périple dramatique d’un an. Son périple, est partagé avec 134 000 de ses compatriotes alsaciens et mosellans.
Début 1944, il reçoit une convocation au service militaire, cette nouvelle n’est pas une surprise. Depuis le mois d’octobre 1942, l’Allemagne puise dans la jeunesse alsacienne et mosellane pour alimenter sa machine de guerre et combler les pertes au front.
Un homme de 33 ans vient de rentrer chez lui après un périple dramatique d’un an. Son périple, est partagé avec 134 000 de ses compatriotes alsaciens et mosellans.
Début 1944, il reçoit une convocation au service militaire, cette nouvelle n’est pas une surprise. Depuis le mois d’octobre 1942, l’Allemagne puise dans la jeunesse alsacienne et mosellane pour alimenter sa machine de guerre et combler les pertes au front.
Ce qui est brutal pour lui, c’est qu’il pensait échapper à cette incorporation forcée, la guerre est en bonne passe d’être gagnée et son âge avancé lui faisait espérer une certaine immunité.
Comme ses prédécesseurs, il espérait une période de formation au RAD (Reichsarbeitsdienst) et une autre pour ses classes, mais pour lui ça a été directement le front…..
Après sa convocation au WMA (WehrMeldeAmt) de Sélestat, il part pour le sud de l’Autriche, dans la ville de St. Andrä (Kärten Autriche) où il suivra une courte instruction militaire dans le GebirgsJäger-Ersatz-Regiment 136.
Comme ses prédécesseurs, il espérait une période de formation au RAD (Reichsarbeitsdienst) et une autre pour ses classes, mais pour lui ça a été directement le front…..
Après sa convocation au WMA (WehrMeldeAmt) de Sélestat, il part pour le sud de l’Autriche, dans la ville de St. Andrä (Kärten Autriche) où il suivra une courte instruction militaire dans le GebirgsJäger-Ersatz-Regiment 136.
La composition de son unité le surprend. Très hétéroclite en terme de nationalités, malgré une forte proportion d’autrichiens, les cadres sont quant à eux tous allemands ou autrichiens.
Hâté par le besoin grandissant en homme, il part dans son unité d’active, le Gebirgsjäger-Regiment 136 en Laponie.
Son régiment fait parti de la 2.Gebirgsdivision engagée sous le Gebirgskorps Norwegen dans le grand nord depuis mars 1940. Elle a participé à la bataille de Narvik et à l’opération « Silberfuchs » contre les Soviétiques et continue à se battre en Norvège depuis l’armistice signé entre la Russie et la Finlande.
Les combats sont rudes, le climat peu favorable à proximité du Cercle Polaire, après une blessure et un passage au Feldlazarett Skjold à Øverbygd (Norvège),
il réintègre son unité qui est en route pour Kragerø (Norvège). Embarquement en ferry pour le Danemark…la destination finale reste inconnue pour l’instant.
A son arrivée, il est émerveillé par la beauté du paysage. La zone de repos à proximité d’Aarhus (Danemark) lui semble hors du temps et du conflit en cours dans le reste de l’Europe. Mais le répit est de courte durée… des camions arrivent et déversent du matériel à profusion. Ordre est donné de rééquiper intégralement l’unité.
A charge des soldats de récupérer à la hâte du matériel adapté à leur taille dans ces montagnes de fripes… il n’est pas rare que certains camarades portent des brodequins dépareillés.
On lui fournit son arme, très étonné, c’est un MP44, il n’avait jamais vu cela auparavant…l’instruction et la formation qui vont avec l’arme, il ne les verra pas non plus…le départ est imminent, nous sommes le 16 janvier 1945.
Les jours passent, et semblent interminables, il est balloté de train en train puis par camion et finalement à pied. Les conditions de transport commencent à peser sur le moral…et l’idée de retrouver la ligne de front hante les esprits de tous.
Soudain, les noms de villes lui semblent familiers et c’est le choc…Il découvre qu’il se rapproche de Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg Allemagne), l’Alsace est très proche et c’est un paradoxe.
Les alsaciens et mosellans ont toujours été écartés des fronts occidentaux, et encore plus quand il s’agit des régions limitrophes à leurs lieux d’habitation (Peur des désertions fondée sur l’expérience de la Première Guerre mondiale).
Cela ne présage rien de bon, nous sommes le 23 janvier 1945.
L’unité traverse le Rhin sur le pont de Vieux-brisach (Allemagne), le jour même à destination de Jebsheim. Objectif : sécuriser le canal de Colmar et bloquer l’avance des troupes américaines et françaises vers cette ville (Ligne de front Muntzenheim-Colmar). Quelle ironie, son village natal n’est qu’à 30 kilomètres de la zone de combat. Une désertion n’est pas envisageable pour le moment, le secteur est une fourmilière et les officiers sont sur leur garde.
A son arrivée, il est émerveillé par la beauté du paysage. La zone de repos à proximité d’Aarhus (Danemark) lui semble hors du temps et du conflit en cours dans le reste de l’Europe. Mais le répit est de courte durée… des camions arrivent et déversent du matériel à profusion. Ordre est donné de rééquiper intégralement l’unité.
A charge des soldats de récupérer à la hâte du matériel adapté à leur taille dans ces montagnes de fripes… il n’est pas rare que certains camarades portent des brodequins dépareillés.
On lui fournit son arme, très étonné, c’est un MP44, il n’avait jamais vu cela auparavant…l’instruction et la formation qui vont avec l’arme, il ne les verra pas non plus…le départ est imminent, nous sommes le 16 janvier 1945.
Les jours passent, et semblent interminables, il est balloté de train en train puis par camion et finalement à pied. Les conditions de transport commencent à peser sur le moral…et l’idée de retrouver la ligne de front hante les esprits de tous.
Soudain, les noms de villes lui semblent familiers et c’est le choc…Il découvre qu’il se rapproche de Fribourg-en-Brisgau (Bade-Wurtemberg Allemagne), l’Alsace est très proche et c’est un paradoxe.
Les alsaciens et mosellans ont toujours été écartés des fronts occidentaux, et encore plus quand il s’agit des régions limitrophes à leurs lieux d’habitation (Peur des désertions fondée sur l’expérience de la Première Guerre mondiale).
Cela ne présage rien de bon, nous sommes le 23 janvier 1945.
L’unité traverse le Rhin sur le pont de Vieux-brisach (Allemagne), le jour même à destination de Jebsheim. Objectif : sécuriser le canal de Colmar et bloquer l’avance des troupes américaines et françaises vers cette ville (Ligne de front Muntzenheim-Colmar). Quelle ironie, son village natal n’est qu’à 30 kilomètres de la zone de combat. Une désertion n’est pas envisageable pour le moment, le secteur est une fourmilière et les officiers sont sur leur garde.
25 janvier 1945, l’offensive est lancée par les Alliés. Le village est une poche de résistance, chaque maison est une position de mitrailleuse ou un nid à Panzerfaust…la perspective de combat de rue terrorise tout le monde et l'état major a clairement fait comprendre qu’il n’y aura pas d’échappatoire. Il faut assurer le blocus et tenir coûte que coûte !
Les combats qui vont suivre resteront dans l’Histoire, considérés comme l’un des épisodes les plus violents et meurtriers de la Bataille d’Alsace. L’offensive va se terminer au corps à corps, maison par maison, et s’enliser dans ce qu’on qualifiera plus tard du « Stalingrad Alsacien ». Les combats vont durer jusqu’au 29 janvier 1945 sous une température glaciale de -20C°.
Un bilan humain catastrophique
On estime celui-ci à plus de 900 morts et plus de 2000 blessés (allemand, français et américains)
Le régiment (1883 hommes) est presque anéanti et les survivants (non capturés) reculent progressivement vers pont de Chalampé (Neuenburg-Mühlleim) pour finir la guerre dispersés dans des unités secondaires en Allemagne.
Il a affronté successivement dans le secteur Jebsheim-Grussenheim, le 254th Infantry appuyé par le CC6, un bataillon du R.M.L.E. (Régiment de marche de la légion étrangère) et les parachutistes français du 1.R.C.P. (1er régiment de chasseurs parachutistes) puis des éléments du 1er Bataillon de choc lors de leur repli vers le sud.
Le régiment (1883 hommes) est presque anéanti et les survivants (non capturés) reculent progressivement vers pont de Chalampé (Neuenburg-Mühlleim) pour finir la guerre dispersés dans des unités secondaires en Allemagne.
Il a affronté successivement dans le secteur Jebsheim-Grussenheim, le 254th Infantry appuyé par le CC6, un bataillon du R.M.L.E. (Régiment de marche de la légion étrangère) et les parachutistes français du 1.R.C.P. (1er régiment de chasseurs parachutistes) puis des éléments du 1er Bataillon de choc lors de leur repli vers le sud.
Notre homme, lui, a survécu…capturé par des français du 1 R.C.P. qui n’ont pas compris dans l’immédiateté des combats, qu’ils avaient à faire a un de leur concitoyen.
Ce dernier n’a pas eu le même destin glorieux et par sentiment de honte a tu son épopée tragique, pour revenir tout doucement à la vie………….
Ce dernier n’a pas eu le même destin glorieux et par sentiment de honte a tu son épopée tragique, pour revenir tout doucement à la vie………….
Périple de janvier 1944 à janvier 1945
Sources
- Recueil de témoignages de soldats du Geb.Jäg.Rgt 136
- Livret « Meine Rekrutenzeit bei der 5.(Jchw.) Ausb./Geb.-Jäg.-Ers.-Rgt 136 Okt/Dez 1942 »
- Mémorial BATAILLE D'ALSACE 1944-1945 Heimdal
- Es war ein Edelweiss: Schicksal und Weg der zweiten Gebirgsdivision, Karl Springenschmid et Mathias Kräutler
- https://theatrum-belli.com/dec-44-jan-45-le-1er-rcp-sillustre-brillamment-a-jebsheim/
- https://www.malgre-nous.eu/2018/05/03/volontaire-alsaciens-geoffrey-diebold
- https://gcononmerci.org/wp-content/uploads/2016/08/160825-GCO-les-premiers-engins-en-septembre-DNA.pdf
- Les “Malgré nous” Eugène Riedweg
- http://www.lexikon-der-wehrmacht.de
- Gliederung 01/01/1945 Geb.Jäg.Rgt 136